J’aime bien jouer à l’entonnoir des besoins.
J’aime, avec ce jeu, descendre à la source de mes besoins.
Je vous donne un exemple.
J’ai envie d’aller me promener au bord de la rivière. Quel est le besoin sous-jacent qui me met en route vers la rivière ? Disons celui de prendre l’air.
Quel est le besoin derrière ce besoin de prendre l’air ? Celui de respirer tranquillement au soleil.
Mais encore… Quel est ce besoin qui me fait vouloir respirer tranquillement au soleil ? Celui d’être seule avec moi-même.
Poussons la question plus loin. Le besoin de ne penser à rien de spécial, à la simplicité de la vie.
Et ? De me sentir simplement en communion avec la nature.
Donc ? De communier avec la nature et la vie en toute simplicité.
Ce besoin fondamental, de communion et de simplicité, que je découvre ainsi me permet de mieux me comprendre et de reconnaître mes besoins initiaux. Cela me donne l’occasion de me responsabiliser face aux moyens que je mets en oeuvre pour les nourrir.
À besoins semblables, stratégies divergentes
Ces besoin initiaux sont à la source de toutes nos actions. Ils sont l’énergie vitale, principale et féconde qui nous pousse à agir. Nous avons tous les mêmes besoins fondamentaux. Ils ne surviennent pas au même moment et pas à taille égale mais nous les avons tous en commun.
En revanche, nous n’avons pas les même stratégies, moyens ou comportements pour nourrir ces besoins identiques. C’est là, au croisement de nos stratégies que se trouvent toutes les tensions qui nous opposent parfois durement les uns aux autres. Ces tensions sont à l’origine de combien de conflits auxquels nous sommes confrontés au quotidien ?
9 catégories qui nous rassemblent tous
C’est lors de ces nombreuses tentatives pour régler des conflits (à la demande d’états en guerre par exemple) que nos besoins fondamentaux ont été listés par Marshall Rosenberg, père de la Communication Non Violente.
Voici donc les besoins que nous avons tous en commun et sur lesquels nous serons toujours d’accord.
Survie
abri, air, respiration, alimentation, lumière, repos, mouvement, rythme, reproduction…
Bien-être
confiance, harmonie, paix, protection réconfort, sécurité, justice, simplicité, soutien, détente, jeu, rire…
Liberté
autonomie, indépendance, libre-arbitre, choix, expression, spontanéité…
Relation-Affection
attention, appartenance, confiance, communication, contact, empathie, tendresse, intimité, partage, amour, communion, , expression sexuelle, délicatesse, gratitude, sincérité, respect…
Identité
cohérence, valeur, appartenance identitaire, dignité, authenticité, confiance en soi, évolution, intégrité…
Participation
contribution, coopération, concertation, co-création, connexion, expression, interdépendance, tolérance…
Réalisation de soi
beauté, création, expression, inspiration, choix, évolution, apprentissage, spiritualité, découverte, intuition, efficacité, espoir, repère, présence, sérénité…
Sens
clarté, compréhension, discernement, lucidité, orientation, signification, transcendance, unité, confiance, dignité…
Célébration
partage, communion, fête, honneur, gratitude, ritualisation, reconnaissance…
Reconnaitre ses besoins : un intérêt majeur de dialogue
L’intérêt de se connecter à ses besoins fondamentaux puis de les exprimer clairement en cas de désaccord avec un proche, un collègue, un enfant… est CAPITAL !
Nous ne pouvons hélas pas toujours nous entendre sur les moyens utilisés pour nourrir nos besoins. Mais il est toujours possible d’entamer un dialogue, une communication bienveillante, respectueuse et non-violente en partant à l’écoute des besoins de part et d’autre de la relation. A condition que les deux parties en aient les moyens et l’envie évidemment !
Goûter à l’expérience d’un échange pacifié
Prenez quelques minutes pour vous remémorer une dispute, un désaccord récent avec une personne de votre entourage. Lisez attentivement les 9 catégories ci-dessus. Tentez de savoir quels étaient les besoins en jeux des deux côtés, le vôtre et celui de votre interlocuteur.
Imaginez une stratégie commune que vous auriez pu trouver et mettre en place pour obtenir une paix relative à ce moment précis. Cela ne vous aurait-il pas permis d’avancer dans la relation plutôt que de tourner en rond chacun dans votre incompréhension ou votre colère ?
Marshall Rosenberg disait que toute parole ou acte de violence n’est que le reflet d’un besoin non nourrit ! Il ajoutait que parfois un besoin exigeait plus d’être reconnu que d’être nourrit !
Un entrainement simple, régulier et personnel, juste avec soi-même pour commencer (tel que le jeu de l’entonnoir des besoins) est tout à fait judicieux. Il vous permettra d’avoir les ressources nécessaires au moment précis où vous aurez besoin d’exprimer une demande liée à un besoin fondamental non nourrit dans une situation précise.
Entrainez-vous à descendre à la source des besoins pour parvenir à vous libérer, plus tard, des émotions négatives ou du stress que la vie et nos relations engendrent.
Je me réjouis de lire dans vos commentaires le fruit de ces tentatives…
Rony CHABANNE
